Pas facile d’être journaliste !

Avec les élections américaines, nos journalistes sont allés (es) au front, là-bas, aux Etats-Unis d’Amérique. Dans les villes les plus sensibles, ils ont essayé de recueillir au mieux pour notre information souffrances et espérances. Et nous, dans nos fauteuils, nous écoutions avec intérêt ou bien nous nous lassions. Essayer une autre chaîne ? Même sujet ! Et si l’on nous gave encore de la COVID 19, la coupe est pleine ! Ras l’bol pour les uns, passion des débats pour les autres, nous sommes vraiment très différents ! Et de cela, nos journalistes tiennent régulièrement compte :"Comment traiter l’information pour qu’elle soit vraie et, tout de même, qu’elle accroche."
Dans les rédactions, les dépêches tombent régulièrement à flot. Alors, il faut choisir, joindre les correspondants locaux et juger de l’impact. Pourquoi programmer tel sujet plutôt que tel autre ? Impact politiquement sensible, effet neutre ou émotionnel sur le public , adéquation avec les financeurs, capacité à convaincre . . . tout devient enjeu ! Alors, quand on nous parle de l’objectivité de l’information, retenons deux principes forts : oui, nos journalistes font merveille pour présenter en vérité leurs reportages mais sachons que leur souci d’objectivité est fortement conditionné : ceci passera ; cela ne passera pas. D’autre part, qu’est-ce qui est vrai ? Un même évènement peut être vu de mille façons différentes. Exemple à propos des "attentats", mot qui fait frémir dès qu’on l’entend car il fait d’emblée écho à l’islam et à "Allah Akbar !". C’est triste mais c’est comme ça !

Exemple,

cette annonce du 29 octobre dernier
 :"A Avignon, un homme armé d’un couteau et qui se montrait menaçant a été abattu par la police." Or, rondement menée, l’enquête a montré que l’homme de 33 ans n’avait pas de couteau et n’a jamais crié "Allah Akbar !" Alors, l’objectivité de l’information sera-t-elle un jour possible ? La politologue, philosophe et journaliste allemande Hannah Arendt (1906-1975) écrit que l’objectivité comme nous la souhaitons est impossible : "des générations d’historiens et de philosophes de l’histoire n’ont-elles pas démontré l’impossibilité de constater des faits sans les interpréter ?" Hannah Arendt a sans doute raison et cela ne peut que nous inviter à applaudir nos journalistes qui s’efforcent jour après jour de nous livrer l’information de la manière la plus dépouillée possible de leur propre subjectivité.

Hilaire Ferchaud

HISTOIRE VRAIE : MALHEUR A UN JOURNAL TROP PRESSE

Imaginons-nous au 8 mai 1927. L’idée forte qui hante le cerveau de plusieurs "as de la chasse aérienne" , grands héros de la Guerre 1914-1918, c’est de traverser l’Atlantique avant les Américains dont on sait que là-bas, un certain Charles Lindbergh s’y prépare frénétiquement. Ce 8 mai donc, à 5 h 21 du matin, le biplan baptisé "L’Oiseau blanc" est sorti de son hangar sur l’aérodrome du Bourget près de Paris. Sans plus attendre, Charles Nungesser et François Coli sautent aux commandes, s’arrachent pleins gaz de la piste et s’élèvent en tanguant en direction de l’Ouest.
Pendant ce temps, à la rédaction parisienne du quotidien "La Presse", on attend les photos prises sur le vif tout en préparant déjà la Une pour l’édition spéciale que les Parisiens s’arracheront sans aucun doute. Parions pour une arrivée à New-York vers 5 h le lendemain et prévoyons un gros tirage. Journal du soir, "La Presse" se vend bien. Un gros titre ? "NUNGESSER ET COLI ONT REUSSI" et comme il est de bon ton de rendre gloire

à l’aviation française, ce titre en gros caractères gras suivra une mention d’introduction qui se veut glorieuse elle aussi :" Les heures d’or de l’aviation française". Enfin, pour passionner le lecteur et le maintenir en haleine jusqu’au bout, relatons les détails du décollage et imaginons les héros accueillis à New-York. Et voilà ! Les rotatives sont lancées, le journal du 9 mai est prêt, les vendeurs emportent les brassées, on s’arrache les bonnes nouvelles dans tous les carrefours de Paris, sauf que . . . "L’Oiseau blanc" n’est jamais arrivé. Que s’est-il donc passé ? Aujourd’hui encore, on ne sait toujours pas où il est tombé ! Etre journaliste, c’est aussi ça : ne pas annoncer un évènement avant qu’il ne soit arrivé !

Hilaire Ferchaud