jeudi 7 janvier 2021

Ça vaut de l’or

Mon Dieu, qu’elle est belle cette histoire des Rois Mages venus offrir à Jésus de l’or, de l’encens et de la myrrhe ! Pour aujourd’hui, arrêtons-nous à l’or, à son histoire et à sa symbolique ; cela suffira largement à apprécier sa vraie valeur.

Offrir de l’or à quelqu’un, c’est exprimer son amour au niveau le plus élevé qui soit. Exemple : les alliances de mariage. C’est aussi sceller une relation d’amour envers quelqu’un de très cher : médaille de baptême offerte par le parrain ou la marraine. Or, au-delà du métal précieux que nous connaissons tous, qui vaut très cher et qui nous émerveille, nous savons qu’à travers les âges et les civilisations, il rejoint la majesté des rois portant couronnes et sceptres. Il a souvent aussi servi les peuples païens désireux de s’attirer les grâces de leurs dieux : le Veau d’or au pied du Sinaï, les dieux de la mythologie grecque ou romaine, les Egyptiens ou les Incas associant or et astre solaire, le couteau de circoncision ou le couteau sacrificiel de certains peuples sémites, la faucille d’or des Druides etc . . . Par tous ces exemples, nous voyons que l’emploi de l’or est un langage.

Plus près de nous, les fils d’or de

certains ornements sacerdotaux (1), l’or des vases sacrés pour célébrer le Saint Sacrifice de la Messe, les décors à la feuille d’or que l’on peut admirer dans nos plus belles églises, basiliques ou cathédrales et les châsses des saints, chefs-d’œuvre des meilleurs orfèvres, sont aussi des langages exprimant la beauté, l’honneur, la perfection. "Mon Dieu, Tu es grand, Tu es beau !" En art sacré, existe-t-il une pièce d’orfèvrerie plus évocatrice que l’ostensoir qui offre à notre adoration l’Hostie dans un soleil rayonnant tout fait d’or et d’incrustations ? Langage d’amour et de vénération, les primitifs italiens aussi se sont parfois servi de la feuille d’or pour des Madones ou des Nativités sans même oser y apposer leur signature. Offrande ! Commandes princières me dites-vous ? Oui mais cela n’empêche pas de mettre toute son âme, tout son cœur, tout son amour dans la recherche d’un travail parfait. Encore la perfection ! Dans les scriptorium de nos monastères, les moines enlumineurs s’appliquaient à tracer de belles lettrines colorées de bleu, de rouge . . . et d’or.

Ce survol est loin d’être exhaustif mais il introduit parfaitement la question suivante : Quel or puis-je offrir à mon Dieu aujourd’hui ? Avec ou sans métal précieux, l’amour et le travail bien fait, ça vaut de l’or !

Hilaire Ferchaud

(1) De magnifiques chapes, étoles et dalmatiques brodées de fils d’or sont conservées dans des chapiers et offertes à l’admiration du public lors de visites d’églises par exemple