Greffe et porte-greffe (suite)

Fils engendré de Dieu et donc de même nature, Jésus est venu greffer l’amour sur le porte-greffe du judaïsme. Dès lors, mieux que toute loi, l’amour est au cœur du don total ! C’est le sens donné par les deux vitraux que l’on peut admirer en face de nous en l’église de Saint Laurent des Autels : Jésus montre son cœur et, à côté, Marie montre aussi son cœur. Même unité d’amour. Même message pour le monde.

Après la liturgie de la parole qui rend vivants les textes fondateurs de l’Ancien et du Nouveau Testament commence une liturgie sacrificielle largement inspirée des pratiques judaïques au Temple de Jérusalem : la procession des offrandes montant vers l’autel entame la marche vers l’ultime étape, celle du Don Total. Nous avons peut-être un peu de peine à réaliser ce temps extraordinaire où nos vies, nos joies et nos peines sont déposées sur l’autel entre les mains du Christ qui les unit à son Corps et à son Sang pour les offrir en même temps qu’il s’offre lui-même à Dieu son Père et notre Père. "Par Lui, avec Lui et en Lui . . ." - Considérer l’autel comme une simple table servant à faire mémoire du repas de la Cène est très réducteur. Nos vies y sont prises en compte pour être unies à la divinité de celui qui a pris notre humanité. Au Temple de Jérusalem, les offrandes apportées par les fidèles passaient par plusieurs autels : autel des offrandes (nourritures apportées) autel des sacrifices pour tuer les animaux, autel des parfums pour faire brûler l’encens devant le Saint des Saints. Personnellement, j’aime beaucoup le moment (trop rare) où le célébrant encense l’autel chargé de nos offrandes, matérielles et spirituelles, apportées en procession, puis le prêtre, puis la Croix.

Si le pain sans levain (azyme)de la
communion rappelle encore l’histoire des Hébreux fuyant l’Egypte, l’image de l’Agneau que nous invoquons par trois fois avant la communion ne nous rappelle-t-elle pas aussi de nombreuses références bibliques ? Le polyptique "L’Agneau mystique" des frères Van Eyck exposé à Gand peut nous paraître d’un autre temps quant à son style mais comment mieux représenter ce qu’il veut nous enseigner ? D’autre part, souvenons-nous que l’arrestation de Jésus, sa condamnation, sa mort et sa résurrection ont eu lieu exactement à Pessah, fête de la Pâque juive. Hasard ? Pas vraiment !

Ils l’ont reconnu à la fraction du pain. Il apparaît à ses disciples. Il les envoie en mission. . Un embryon d’Eglise se forme. Ça y est, la greffe est prise ! Alleluia !

Hilaire Ferchaud

N.B. Magnifique symbole que celui du mouton qui réjouit le monde musulman à l’issue du Ramadan. C’est la fête de l’Aïd. Et vous, comptez-vous servir l’agneau pascal sur votre table le 4 avril prochain ?