Politique
Aujourd’hui, parlons politique ; l’assaut

du Capitole nous y invite. Que la Chambre Sénatoriale d’un grand pays démocratique soit assaillie par une sanglante insurrection montre la fragilité des institutions, qu’elles soient américaines ou européennes. S’engager en politique est un acte courageux à soutenir. La représentation nationale est si précieuse que l’absentéisme électoral est à bannir. Les riches débats radiodiffusés ou télévisés que nous sommes invités à suivre nous aident à affiner nos connaissances et à nous positionner. Tout cela est riche ; prenons-en conscience.
L’Occident a adopté une belle mais fragile responsabilité : celle de montrer que la démocratie est le régime le mieux adapté aux besoins de l’humanité . C’est un régime qui s’appuie tant bien que mal tantôt sur l’autorité (cratos), tantôt sur le peuple (démos). C’est beau, c’est grand mais c’est risqué : nos livres d’histoire nous disent assez les heurs et malheurs du peuple français à travers les siècles. Le poignard de Brutus n’est jamais bien loin ; le combat des Horaces et des Curiaces également ! Indira Gandhi, Martin Luther King et bien d’autres libérateurs ont appris à leurs dépens le prix à payer pour sortir leurs semblables de l’oppression.
Je n’aime pas beaucoup évoquer le siècle dit " des Lumières" quand il étrangle les régimes qui l’ont précédé mais citons tout de même le philosophe Rousseau rêvant d’un peuple " qui s’instituerait". De ce rêve franchement prémonitoire, soulignons l’idée d’instituer. Pour ma part, j’ai souvent eu de l’admiration pour ce métier qu’on appelait autrefois "instituteur" . Il s’agissait de participer à l’éducation de la jeunesse en collaboration avec les parents. Grandeur et sagesse ne sont-elles pas censées habiller nos institutions ?
La démocratie a-t-elle besoin de contestation ? Oui mais à condition que celle-ci soit épurée de tout esprit de domination. "L’Amérique d’abord !" n’est pas franchement un slogan épuré. Quant aux signatures apposées au bas des dossiers de rejet, les signatures semblables à un hachoir puis montrées avec ostentation au monde entier, ces signatures donc n’ont jamais présagé d’un horizon constructif ! Amené à se retirer, ce président a pourtant converti une part non négligeable de l’électorat américain. Il n’est pas dit que cette histoire soit sans suite. Il n’est pas dit non plus que la démocratie revenue au pouvoir déroule une voilure parfaite. Si le caméléon prend la couleur de son support c’est pour échapper à ses prédateurs. Or en politique, ceux-ci savent toujours lui rendre la tâche difficile. Il en va ainsi de la démocratie : belle mais difficile !

Hilaire Ferchaud