Besoin de support ?

Quand les apôtres ont annoncé à leur ami Thomas :"Nous avons vu le Christ" nous comprenons que ce dernier les ait pris pour des hurluberlus. "Tant que je n’aurai pas . . . je ne croirai pas." Voilà ! Nous faut-il donc toujours voir, entendre, toucher, calculer, vérifier, constater . . . pour croire ? "Si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine" écrit Saint Paul. Oui mais la foi en Christ ressuscité échappe à toutes mesures de contrôle et notre seule foi qui émane de l’esprit et du cœur a souvent besoin de supports. Les premiers chrétiens qui n’ont pas hésité à donner leur vie pour affirmer leur foi en Jésus ressuscité ne se servaient-ils pas du signe du poisson ? De la croix ? De la communion ?

Né au VIIème siècle des Révélations faites au Prophète Mahomet , l’Islam a si vite envahi le bassin méditerranéen que les pèlerins occidentaux qui se rendaient jusque là sans encombre à Jérusalem furent
évidemment interdits. Voir leur élan de foi brisé par le grand rêve ottoman ne pouvait que susciter une réaction de combat. Et c’est comme ça que sont nées les croisades avec leurs heurs et leurs malheurs, leurs enrichissements et leurs débordements. Au final, chassés du Moyen-Orient nos ancêtres du Moyen-âge ont dû développer et inventer de nouvelles expressions de foi : rebâtir églises et cathédrales sur les lieux pour remplacer celles qui ont été détruites durant les invasions ou par des incendies (XIème et XIIème siècles), relancer les grands chemins de pèlerinages (Compostelle), création de lieux de vénération à l’aide d’une multitude de reliques locales ou issues des croisades. Parmi ces dernières, citons pour exemple la Couronne d’épines du Christ pour laquelle a été édifiée la Sainte Chapelle de Paris (1) et le "Précieux Sang" conservé à Neuvy Saint Sépulchre (2) près de La Châtre (36) dans une ampoule-reliquaire toujours présentée à l’adoration des fidèles.

Bâtie au XIème siècle et assez peu modifiée depuis, l’église de Neuvy Saint Sépuchre a été voulue semblable au Saint Sépulcre de Jérusalem. Faute de pouvoir se rendre à Jérusalem, les pèlerins y prient depuis
des siècles comme s’ils étaient sur les lieux du Tombeau. Quant à l’ampoule du Précieux Sang présentée, elle n’est pas la seule rapportée des Croisades mais elle est un gage de sensibilisation pour déplacer les pèlerins et entretenir la foi. Hautement faillibles, n’avons-nous pas besoin de supports pour rehausser notre spiritualité ? Soulignons cependant qu’au fil des siècles, les modes d’expression évoluent. Pour ma part, la peinture "Etre dans la main de Dieu" figurée dans la chapelle de mon collège demeure ma référence. Et vous ? Quels sont vos supports préférés ?

Hilaire Ferchaud

(1)- Il y a en France une dizaine de Saintes Chapelles, pour beaucoup dans des domaines privés.
(2)- D’autres ampoules du Précieux Sang sont présentées à l’adoration des chrétiens : à Fécamp, à Bruges (Belgique) etc . . .
(3)- Orthographe : un sépulcre, le Saint Sépulcre, Neuvy Saint Sépulchre.