Savoir gérer son temps

Il fut un temps où les étrangers de passage dans nos villes s’étonnaient
de voir les Français toujours pressés. Oui, à leurs yeux, l’empressement dont ils faisaient preuve rendait leur comportement quelque peu comique et ils n’avaient pas tort. En effet, vous vous souvenez par exemple de ces réunions du soir où, à 23 h sonnantes, agenda en main, il était toujours difficile de trouver une date pour se retrouver encore. Page après page, tout était complet avant longtemps ; comme actuellement chez nos spécialistes de la santé ! Je crois d’ailleurs que cette frénésie appelée « réunionite » était suscitée en partie par une éducation fort louable certes mais plus ou moins teinté d’un caractère tout aussi louable et un brin religieux, celui de « se donner sans compter ». La prière de ma trop courte expérience de scout comporte justement sur ce sujet du don de soi l’invocation suivante : « Seigneur Jésus apprenez-moi . . . à travailler sans chercher le repos, à me dépenser sans attendre d’autres récompenses que celle de savoir que nous faisons votre Sainte Volonté ! » Deux questions : « Ce don de soi est-il toujours d’actualité ? Si oui, de la même manière ou autrement ? »

Chaque époque du passé a connu une respiration spécifique. Ainsi, notre célèbre baron Pierre de Coubertin (1863-1937), l’homme qui a remis en piste les Jeux Olympiques de la Grèce Antique, se plaisait à lancer à tout vent et en latin ce slogan dynamique fortement teinté d’idéologie : « Citius, Altius, Fortius ! » soit « Plus vite – Plus haut – Plus fort ! ». En matière de sport, rien à redire mais transporté à l’échelle du rendement industriel, il risque de devenir avilissant. Etre payé « aux pièces », se sentir talonné pour produire toujours plus, n’est-ce pas assimiler l’homme à une machine ? Et pourtant ! Même si ce n’est pas dit en ces termes, « Plus vite – Plus haut – Plus fort » est toujours d’actualité dans les pays qui s’imposent une politique économique conquérante et dominatrice.

Les confinements que nous venons de vivre ont malheureusement assommé les équilibres fragiles mais, dans le même temps, ne nous auraient-ils pas fait prendre conscience que nos corps ont besoin d’activités diversifiées et intelligemment gérées. Qui que l’on soit, nous sommes constitués « corps et esprit » et les deux doivent s’articuler en bonne harmonie. Je me souviendrai longtemps de ce moine de l’abbaye de Ligugé (près de Poitiers) qui, après avoir
développé son exposé nous annonça :« Bon ! Maintenant je vais me baigner dans la rivière tout à côté. » Nous n’étions qu’au 15 mai ! « Oui, si un moine est un homme de prière, il a aussi un corps ! J’y vais comme ça tous les jours avant midi. »

Gérer son corps, gérer son âme et son esprit, gérer son temps, gérer ses relations, gérer son devenir . . . nous prenons enfin conscience qu’il n’y a pas que le rendement qui compte. Ni le don de soi. Le tout est à orchestrer intelligemment et amoureusement. Notre siècle s’ouvre de plus en plus grand sur ces possibilités de gestion qui coordonnent physique et mental . . . et c’est tant mieux !

Hilaire Ferchaud

Ce sera le 8 octobre prochain

Votre scribouillard hebdomadaire va laisser tomber sa plume le 8 octobre prochain. La voie est donc libre pour imaginer une suite à cette page paroissiale : suite semblable ou suite différente, tout est possible. Je tiens d’ailleurs à remercier les prêtres successifs ( Jean Roullier puis Bernard Samson) pour leur accueil toujours favorable à cette page.

L’initiateur en est Jean-Pierre Guillet de Liré. Son idée était d’inviter à jeter un regard chrétien sur les évènements de la semaine. Très belle tâche qu’il accomplit parfaitement et pour laquelle il s’entoura progressivement de plusieurs volontaires afin de pouvoir assurer sa propre relève : Madeleine Pasquier puis Joseph Bitaudeau, tous les deux de Liré également pour l’écriture et Pierre Guilleux de Champtoceaux pour les insertions sur Internet.

Un dimanche de janvier 2016, à l’issue de la messe, Joseph Bitaudeau présenta au micro de l’église le fonctionnement de cette activité rédactionnelle paroissiale et exprima le souhait d’une troisième personne afin que la charge soit répartie sur trois semaines. C’est à ce moment-là que je me suis dit : "Pourquoi pas moi ?" Je fus évidemment très bien accueilli et le cycle d’une écriture toutes les trois semaines se mit en route. Malheureusement notre ami Joseph Bitaudeau est tombé malade et nous connaissons la suite. Quant à Madeleine Pasquier, son choix de poursuivre sa vie avec son mari à Angers fit que le vendredi 23 juin 2017 elle signait son dernier texte :"Au revoir" en avouant dès le début "Mot difficile à écrire après trois années où j’ai osé livrer mes modestes points de vue". Comment faire maintenant alors que je me retrouvais seul.

Le micro à l’église ? Je l’ai essayé sans succès. Les appels à des commentaires sur les sujets que je continuais malgré tout de traiter ? Bravo et merci à toi Madeleine pour tes avis réguliers, même depuis Angers. Bravo et merci à toi aussi Monique qui signe "la petite canadienne". Ouf ! ça encourage. Et puis, merci à toi Georges (Georges Mourin de Liré) pour ta participation occasionnelle. Je sais, par quelques échos, que tes écrits ont régalé bien des personnes. Textes sympas et toujours intéressants. Malheureusement, la régularité hebdomadaire n’est, pour l’instant, pas assurée. Je quitte car je pense que cela est sage. Des graines nouvelles vont germer. N’hésitez pas à en parler, même si vous n’apportez rien vous-mêmes : il faut parfois secouer le panier pour faire monter la semence à la surface. Bonne chance.

Hilaire Ferchaud