Gardons au sport l’esprit du sport !

Par ses nombreux bienfaits, le sport est depuis des lustres doté d’une réputation de bien être, de développement, de maîtrise de soi. "Un esprit sain dans un corps sain" suppose un espace protégé de
toute caresse politique, économique, religieuse et même sociétale. En effet, si notre respect le plus profond s’impose face à l’homosexualité par exemple, la charte du sport en général a le devoir de protéger cet espace privilégié pour conserver sa pureté d’expression. Ne se souvient-on pas du poing levé par le "Black Power" aux Jeux olympiques de Mexico en1968 ? Et de la prise d’otages aux J.O. de Munich en 1972 ? Si les compétitions sportives constituent l’un des plus nobles langages qui soit entre pays et continents, il convient de le conserver dans toute sa noblesse.

La Hongrie vient de voter une série de lois sur ces sujets brûlants que sont l’homosexualité, la pédophilie, la pornographie et autres formes de vie que l’on retrouve bien sûr dans tous les autres pays d’Europe. Récemment, le mouvement hongrois LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres) a voulu illuminer de ses couleurs arc-en-ciel le stade de Munich engagé dans l’Euro de football. L’UEFA s’y est opposée. - En conscience, moi aussi. Traitant du même sujet, je ne me joins pas du tout aux idées d’un commentateur-radio qui voit dans les débats politiques européens défendant le LGBT "le signe positif de l’émergence d’une opinion publique européenne". Sincèrement, avons-nous besoin d’une opinion morale planifiée sur les 27 pays de l’UE. ?

Comparant l’évolution des pensées entre les pays de l’Est de l’Europe et ceux de l’Ouest, le même commentateur évoque un fort libéralisme côté ouest alors que "les anciens pays du bloc de l’Est qui n’ont pas terminé leur décongélation communiste donnent parfois l’impression de rester dans un état d’esprit très 20ème siècle sur les questions sociétales." Lecture partisane qui vise la Hongrie en particulier ! Alors comment faire pour construire "une identité continentale et un sentiment d’appartenance à l’Union" ? La question est d’importance mais le fruit ne me semble pas mûr pour le cueillir maintenant. Gardons au sport l’esprit du sport et travaillons sur des équilibres plus urgents. Besoins par-ci, appels à l’aide par là, ne manquent pas !

La connaissance de mon prochain même lointain, ses origines, son mode de vie, sa culture, les richesses humaines qui l’animent, les échanges en tous genres que l’on peut faire avec lui . . . sont susceptibles d’augmenter en chacun de nous le sentiment d’unité européenne sans vendre pour autant notre âme au plus offrant. Beaucoup d’initiatives existent déjà (parrainages, voyages , échanges culturels et commerciaux, recherche etc . . .) ce n’est là qu’un début. L’Europe n’est-elle pas déjà un joli patchwork ? Quant à laisser ébranler la sphère sportive par des coups de boutoirs idéologiques, c’est non, même si le commentateur- radio souligne qu’Emmanuel Macron comme Angela Merkel s’affichent comme défenseurs de l’avancée des droits LGBT. En dehors des stades, oui ; dans les stades, non !

Hilaire Ferchaud