Jérusalem, ville trois fois sainte

Y a-t-il au monde ville plus rayonnante de spiritualité que Jérusalem ? Dans le même temps, y a-t-il au monde ville plus tourmentée que cette Fille de Sion qui a pour vocation d’accueillir sans animosité les trois religions qui se réclament de sa famille ? Jérusalem trois fois sainte ! Jérusalem mille fois détruite et reconstruite ! Jérusalem au coeur du monde des croyants en Dieu !

En ordre chronologique, c’est d’abord le Judaïsme qui brandit ses actes de propriété marqués du sceau de l’Ancien Testament.
Puis vient le Christianisme qui donne au Nouveau Testament et aux Actes des Apôtres l’élan physique et spirituel nécessaire pour se lancer à la suite de Jésus Christ . Né à Bethléem (Cisjordanie), Jésus a grandi à Nazareth (ville actuellement en Israël), puis a enseigné à travers toute la Palestine d’alors du nord au sud depuis la Galilée jusqu’en Judée. Fils de Dieu, il est mort et ressuscité dans Jérusalem. Enfin, voici l’Islam qui a choisi Jérusalem comme troisième ville sainte après La Mecque et Médine. Lors de la 3ème Croisade et après qu’il eut repris Jérusalem aux Latins (1187), le sultan Saladin déclara à son prisonnier Richard Cœur de Lion : "La Ville Sainte est importante pour nous car c’est vers elle que notre Prophète a accompli son miraculeux voyage nocturne et c’est là que notre communauté sera réunie le jour du jugement dernier. Il est donc exclu que nous l’abandonnions. Jamais les musulmans ne l’admettraient."

Si dommageable qu’elle soit pour la paix du monde, la reprise d’une haine guerrière entre Juifs et Arabes ne nous étonne donc pas. "Touche pas à ma terre ! Touche pas à ma foi ! Touche pas à mes lieux saints !" s’affichent toujours sur des fonds de crises politique. Nous avons connu des bouleversements semblables dans notre propre région suite au régicide de 1793. Un récent message de Delphine Horvilleur , femme rabbin de France, me paraît sage pour relancer le "vivre ensemble" qui vient d’être brisé : "Souvenez-vous que cette terre est à moi, dit l’Eternel et que vous y êtes, tel Abraham, uniquement des "résidents étrangers" chargés d’y mettre en place uniquement la justice et l’équité. Et cette non-propriété fonde votre pleine légitimité à vous y trouver"

Le commentaire du journaliste Pierre Haski sur France Inter présente les faits côté politique : "Le Premier Ministre israélien veut porter des coups sévères au mouvement islamiste à Gaza avant d’envisager un cessez-le-feu sous peine de perdre tout crédit politique en Israël." Quant à savoir si arabes et juifs de Jérusalem (et d’ailleurs) sont capables de renouer cela semble tout à la fois possible et impossible dans un pays où deux peuples si différents ne peuvent ni franchement cohabiter, ni franchement se séparer. "Faute de mieux, un cessez-le-feu risque de n’être qu’un interlude" conclut sagement Pierre Haski.

Hilaire Ferchaud
P.S. Illustration : carte de la Palestine au temps de Jésus

POUR ALLER PLUS LOIN  : Dans la Bible, l’histoire de Rébecca est éloquente en ce qui concerne la mésentente entre deux frères jumeaux et donc plus tard de leurs descendants. (Genèse - Chap. 25 - versets 21 à 26)

" Isaac (1) implora Yahvé pour sa femme car elle était stérile. Yahvé l’exauça et Rébecca devint enceinte. Or, les enfants se heurtaient en elle et elle dit :" S’il en est ainsi, à quoi bon concevoir ?" Et elle alla donc consulter Yahvé. Yahvé lui répondit :"Il y a deux nations en ton sein ; deux peuples issus de toi se sépareront , un peuple dominera un peuple , l’aîné servira le cadet."
Quand vint le temps de ses couches, voici qu’elle portait des jumeaux. Le premier sortit : il était roux et velu comme un manteau de poil ; on l’appela Esaü. Ensuite sortit son frère ; sa main tenait le talon de l’autre et on l’appela Jacob.

A noter enfin qu’Esaü le premier né fut surnommé Edom qui signifie "le roux" et devint l’ancêtre des Edomites. Quant à Jacob surnommé Israël, il est considéré comme étant l’ancêtre des Israélites. Edomites et Israélites furent constamment en guerre. L’histoire d’Israël se poursuit avec les 12 fils de Jacob dont Joseph l’avant-dernier. Jalousé puis vendu par ses frères, nous le retrouvons en Egypte 1er ministre du Pharaon.

(1) Fils d’Abraham et de Sarah. Il est" l’enfant de la Promesse".