La force d’une mère chrétienne

Aujourd’hui Sainte Monique : c’est l’histoire d’une maman ayant fait preuve d’une si grande force d’âme et d’une foi si inébranlable qu’elle exerça sur son diable de fils Augustin un revirement comportemental et spirituel tel que ce dernier est devenu évêque, Docteur de l’Eglise et l’un des plus grands penseurs et théologiens des premiers siècles de la Chrétienté. Focus sur cette femme d’exception, modèle des mères chrétiennes.

Berbère d’Algérie, Monique a pour mari Patrice, un homme violent et débauché qu’à grands renforts de douceur sa jeune épouse a réussi à convertir tant en comportement qu’en religion. Ensemble, ils auront trois enfants dont l’aîné, Augustin, se révèle être un vilain chenapan incorrigible quoique comblé de mille dons. Et, qui plus est, ce fils qu’elle aime par-dessus tout semble s’intéresser beaucoup plus au manichéisme qu’au christianisme. Quel malheur quand on sait que, venue de Perse, la religion de Mani se présentait comme un rival dangereux pour le christianisme par son attrait simpliste de choix entre le bien et le mal. L’homme doit se libérer de l’emprise du mal par l’ascétisme. Point, c’est tout. Rien de ce qui fonde notre Foi en Jésus-Christ et en son Eglise ! Imaginons le désarroi de notre pauvre Monique !

Vous avez peut-être parfois constaté que les voies de Dieu ne sont pas nos voies. Dieu écrirait-il des mots droits sur des lignes courbes ? Se sert-il de nos sens pour des rencontres imprévues, des rêves incompréhensibles, des idées farfelues, des démarches engageantes, des fréquentations inattendues ? De la source à l’océan, la rivière serpente d’abord étroitement, devient parfois cascade, chute aussi de très haut, se calme, s’élargit et progresse en méandres. L’eau va toujours de l’amont comme attirée par l’aval. Et cet aval, chez Augustin, c’est maintenant Dieu, son Dieu, notre Dieu. Mani est rejeté. Quel cheminement ! Il suffit de se plonger dans Les Confessions de Saint Augustin pour lire les tourments de son âme et se rendre compte que le voyou d’hier se trouve maintenant inondé par la Grâce. Inondation !

C’est qu’en effet, la présence excessivement aimante et savante de Monique colle à la peau d’Augustin. Elle colle fort, très fort, si fort qu’il n’en peut plus et cherche à s’en débarrasser. Alors, il décide de partir. Tant de fils font cela ! Dans le port de Carthage il s’embarque pour l’Italie et . . . abandonne lâchement sa mère sur le quai sans même lui dire au revoir. Bien que profondément blessée, Monique ne se laisse pas abattre, embarque à son tour et poursuit son fils jusqu’à Milan là où l’évêque Ambroise lance des paroles de conversion si fortes de Foi qu’Augustin veut être son disciple et se faire baptiser par ce saint
d’exception. C’est là l’apothéose de sa conversion, cette vraie Rencontre avec Dieu que Monique, par sa foi et sa ténacité a si patiemment, assidûment, amoureusement espérée. "Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie : te voir chrétien catholique avant ma mort ! Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici ?" Et Monique s’en est allée. C’était en 387.

Saint Augustin que nous fêtons toujours au lendemain de Sainte Monique évoqua souvent sa mère :" Je lui suis redevable de tout ce qui vit en moi. . . Elle m’a généré avec sa chair afin que je naisse à la lumière du temps et avec son cœur afin que je naisse à la lumière de l’Eternité."

Hilaire Ferchaud