Toujours en mouvement !

"Mais arrête donc un peu et repose-toi ! On dirait que tu as des ressorts sous les pieds ! " Et la réponse est toujours la même :"Je ne peux pas m’arrêter ; j’ai besoin de bouger." Eh ! oui, c’est la vie : on a besoin de bouger, de prévoir ceci, d’aller faire cela . . . en un mot, d’avancer. Vivre, ce n’est pas observer le mouvement de l’extérieur ; c’est entrer dans le mouvement. Se faire mouvement !

Les dessinateurs de B.D. savent très bien suggérer le mouvement dans la vignette : quelques traits au crayon derrière la voiture qui roule, des traits encore mais plus arrondis pour un coup de vent dans la rue, une spirale sous les pieds du personnage qui saute etc. . . Dynamisés par l’Esprit, les apôtres du Christ ne sont pas dessinés de la même manière après la Pentecôte qu’avant la Pentecôte. Ils n’attendent plus. Ils ont besoin de foncer. Et, cheveux au vent, ils foncent vers les foules. Vêtements au vent et bras en agitation, ils n’en arrêtent pas.
On dirait qu’ils ont des ressorts sous les pieds ! Sur la B.D., traits et spirales traduisent plus intensément encore ce dynamisme. Retenons pour aujourd’hui que la spirale, c’est le mouvement ; un mouvement souvent aspirant et donc ascendant ; une tornade puisque ça tourne en montant. Dans certains pays, les tornades causent souvent de graves dégâts d’aspiration.

Le langage de la spirale n’a pas échappé aux artistes sculpteurs du XVIIème siècle, soucieux de dépasser la division du monde chrétien provoquée par la Réforme Protestante. Il s’agissait de rendre plus visible et plus lisible qu’au siècle passé l’Eglise et son enseignement. Et voilà que s’édifient sur nos humbles autels, englobant le plus mouluré, le plus doré et donc le plus beau des tabernacles, de grands retables d’autels soutenus de chaque côté par de hautes et puissantes colonnes . . . à spirales évidemment. Les colonnes torses (1). La Vie est là, montante, ascendante ! Le tableau central généralement peint d’une scène évangélique, mariale ou hagiographique est surmonté d’un fronton triangulaire ouvert qui donne sens à l’aspiration vers le ciel , vers ses anges et ses saints (2).

Croyez-vous en avoir fini avec la spirale ? Non (3).
Votre étonnement sera grand en répondant à ce qui suit : "Quelle est la représentation courante de l’ADN, de votre ADN, de mon ADN ?" Réponse : Celle d’une spirale ! La vie est là : un spirale ascendante ouverte vers le Ciel et toujours en mouvement. Bonne journée.

Hilaire Ferchaud

(1) Maître-autel de l’église Saint Martin à Festalemps (Charente).
(2) Ici, pas de fronton triangulaire ouvert ; c’est Dieu lui-même qui, bras grands ouverts, accueille à l’entrée de son ciel magnifiquement peint juste au-dessus.
(3) Les clochers tors du Baugeois n’évoqueraient-ils pas un élan de foi des populations locales, spirale dynamique et ascensionnelle vers Dieu, ADN de tout un peuple ? J’aime y croire.