Y’a pas d’soucis !

"Pouvez-vous m’aider ?" - "Pas d’soucis !" Deux mots pour rassurer, avouons qu’il est difficile de trouver plus simple. Une réponse telle que "Oui bien sûr" ou encore " Certainement madame - certainement monsieur" aurait -elle un parfum de préciosité ? Non, il faut faire simple, direct, sans ambages ! Partout, dans les magasins, dans la rue, en conversation . . . "Pas d’soucis !"

Trottant menu ce jour-là entre les tables du restaurant, la jeune serveuse en pantalon noir et chemisier blanc semblait très attachée à ce que les clients soient pleinement satisfaits et ponctuait régulièrement ses réponses par :"Y’a pas d’soucis !" Vingt fois, trente fois, cinquante fois ? Dieu seul le sait ! Amusant, non ? Cependant, pour autant qu’elle soit serviable, cordiale, populaire et sympathique, la formule n’a pas manqué de titiller le cerveau de nos 40 Sages qui siègent à l’Académie Française. Pur produit d’une récente délibération, l’usage de "Pas de souci" (au singulier ou au pluriel) est jugé erroné malgré son adoption large dans la société. Et nos Sages de conseiller : Selon les cas, on répondra simplement "Oui bien sûr" ou l’on dira :" Cela ne pose pas de difficultés". Personnellement, je ne suis pas sûr d’observer la leçon.

S’il me plaît aujourd’hui de jouer avec le mot souci, c’est sans doute pour humer déjà un air de vacances, loin des
arrosages politiques, sanitaires, économiques,
sociétaux ou autres que déversent à flots constants les médias dans nos cerveaux. Cueillons par exemple dans nos parterres cette jolie fleur jaune-soleil appelée à tort souci. Sentons-là, goûtons-la, et poussons notre folie jusqu’à la manger ! Le souci des jardins est aussi une plante comestible paraît-il. "Nous pouvons consommer ses fleurs et ses boutons floraux qui ont une saveur aromatique légèrement camphrée. Ses boutons peuvent être confits dans le vinaigre et mangés comme des câpres" nous apprend Internet.

A Potsdam, ville d’Allemagne au sud-ouest de Berlin, se dresse le magnifique Palais de Sans-souci construit sur le modèle du Trianon de Versailles. Là, le roi de Prusse Frédéric II, ami de Voltaire, s’adonnait régulièrement à l’esprit des Lumières et à la musique pour l’aider à chasser les soucis qu’il savait pourtant entretenir avec les pays voisins. On le qualifie aujourd’hui de "despote éclairé".

Enfin, même Jésus nous dit aujourd’hui par l’intermédiaire de Saint Matthieu : "Pas d’soucis ! " : "Ne vous inquiétez pas du lendemain . . . A chaque jour suffit sa peine." (St Matthieu - Ch. 6 - verset 34)

Hilaire Ferchaud

P.S. - S’il vous plaît de nous faire connaître votre commentaire sur ce sujet, y’a pas de souci ! Envoyez-le à hilaire.ferchaud chez wanadoo.fr